Xénophobie contre les Africains noirs en Tunisie: « Le gouvernement suit la situation, nous allons assumer nos responsabilités », rassure Lutundula
Après des actes xénophobes enregistrés en Tunisie à la suite des propos du Président de ce pays, appelant à « la nécessité de mettre rapidement fin » à l’immigration clandestine des Africains noirs, estimant que leur présence en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », le gouvernement de la RDC a rassuré, ce samedi 25 février, ses ressortissants vivant dans ce pays magrébin.
Lors d’un briefing avec la presse, ce samedi à Kinshasa, le vice Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula a affirmé que le gouvernement suit de près la situation des Congolais vivant en Tunisie, dans ce contexte de xénophobie, enclenchée après le discours du Président tunisien, Kaïs Saïed, mardi 21 février, contre l’immigration clandestine des africains noirs.
« Nous sommes au courant et nous suivons la situation, nous attendons le rapport de l’ambassadeur pour connaitre s’il y a des Congolais précis qui ont été agressés, qui ont fait l’objet des traitements inhumains, dégradants, des traitements contraires à leur dignité et leur honneur, nous allons utiliser tous les instruments diplomatiques. Nous suivons la situation, le président de la République suit, le Premier ministre suit, parce que c’est une question du gouvernement, nous allons assumer nos responsabilités », a déclaré Christophe Lutundula devant la presse.
Le ministre a rappelé qu’après avoir été alerté par les Congolais vivant en Tunisie, il a reçu l’ambassadeur de ce pays, accrédité en RDC, pour s’enquérir de la situation de ces compatriotes.
« J’ai été informé par des compatriotes qui m’ont appelé personnellement. J’ai reçu l’ambassadeur de la Tunisie pour qu’on ait de la clarification là-dessus…Primo, Il a dit que les Congolais ne sont pas concernés. Il a dit que 90 % des congolais qui sont en Tunisie sont dans une situation régulière », a rapporté le ministre des Affaires étrangères.
Christophe Lutundula a indiqué avoir aussi instruit la représentation diplomatique congolaise en Tunisie de connaitre la réelle situation des Congolais sur place :
« J’ai écrit à notre mission diplomatique…j’ai donné l’instruction pour qu’on nous fasse un rapport précis, même, détaillé pour nous permettre d’avoir une saisine complète de la question. J’ai aussi demandé que l’ambassadeur avec les autorités tunisiennes travaillent pour assurer la sécurité optimale à nos compatriotes. Enfin, je l’ai instruit d’organiser des rencontres avec nos compatriotes pour rehausser leur moral et leur dire aussi que quand on est dans un pays, il est de règle qu’on obéisse aux lois de ce pays-là, qu’on se soumette à toutes les règlementations quelconque de séjour de ce pays-là ».
Par ailleurs, le gouvernement congolais, tout en reconnaissant à la Tunisie le droit de réguler l’immigration sur son sol, appelle Tunis « à la mesure ».
« Tout le monde doit comprendre que la Tunisie est de plus en plus confrontée à la gestion du flux de gens qui passent par son territoire pour arriver en Europe : l’immigration clandestine. Certains ont versé dans la criminalité et donc, il est tout à fait normal que la Tunisie prenne des mesures de protection de ces citoyens et de tous ceux qui habitent son territoire, …le Président Tunisien lui-même est revenu à ces paroles pour recadrer et repréciser les choses. Donc, nous souhaitons ardemment, tout en respectant la légitimité et la rationalité de la démarche des autorités tunisiennes, qu’il y ait de la mesure, qu’il y ait un souci de fraternité parce que nous sommes tous membres de l’Union Africaine », a expliqué le ministre des Affaires étrangères.
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